Le crépuscule de Briareus

L’aube des éditions Argyll

Depuis quelques mois, les toutes jeunes éditions Argyll teasent sur les réseaux sociaux leur arrivée sur le marché de l’édition. Et voilà qu’arrive enfin son premier né, le crépuscule de Briareus de Richard Cowper. Grâce au service presse proposé par la jeune maison d’édition rennaise, j’ai pu le lire en avant-première! Lire un livre avant sa sortie en librairie est une première pour moi. J’en suis encore toute émue. Je vous livre ici mes impressions de lecture et je vous présente ce nouvel éditeur, Argyll.

Le quatrième de couv’

« Les étoiles meurent aussi…

Suite à l’explosion de la supernova Briareus Delta, située à 132 années-lumière, la vie est complètement chamboulée sur Terre. Alors que se succèdent tempêtes et typhons, prémices d’une nouvelle ère glaciaire, l’humanité se découvre soudain stérile. Les unes après les autres, les sociétés humaines s’écroulent, victimes de dérives autoritaires autant que d’un effondrement philosophique… Car que faire dans un monde sans avenir, vidé du rire des enfants ?

Réfugiés dans le sud de l’Angleterre, Margaret et Calvin survivent tant bien que mal. Jusqu’au jour où ils découvrent une petite communauté isolée où vit Elizabeth, étrange jeune femme issue de la Génération du Crépuscule. Dans cet enfer blanc, vierge de tout espoir, serait-elle la clef de la survie ? »

L’auscultation

Un récit post apocalyptique britannique

Pour cette première parution, les éditions Argyll misent sur un texte méconnu de la Science fiction. Le crépuscule de Briareus a été rédigé par Richard Cowper puis publié en Angleterre en 1974 . En France, le texte fait l’objet d’une première parution en 1976 aux éditions Denoël.

Le livre est relooké avec une nouvelle couverture et un texte révisé par Pierre-Paul Durastandi.

Cent trente ans avant l’année où débute le récit, sous le règne de la règne Victoria, une supernova explose. Les conséquences de la mort de cette étoile se feront sentir en 1983. Calvin Johnson est alors professeur d’anglais, marié avec Laura. Maison et voiture achetées, couple installé, ils envisagent d’agrandir leur famille. Mais l’explosion de la supernova vient tout bouleverser. Les catastrophes climatiques s’enchainent, Calvin a des visions, qu’il semble partager avec de rares « élus ». Et surtout, il apparaît que l’humanité ne peut plus concevoir d’enfants.

On entre dans le récit par une Angleterre couverte de neige, désertique, où des meutes de chiens errants s’attaquent aux rares humains qu’ils croisent. On comprend très vite que rien ne va plus. Puis l’auteur nous ramène aux origines du problème par la voix de son narrateur, Calvin.

Le récit happe le lecteur rapidement. La plume de Richard Cowper, par la voix de son narrateur, offre un récit de science fiction apocalyptique intimiste et sensible. Ce qui m’a frappée dans ce roman, c’est que malgré les évènements graves qui s’y déroulent, il n’y a pas de catastrophisme ni d’hystérie. Le personnage principal tient la marée avec un flegme que je qualifierai de tout à fait britannique. Que cela ne vous laisse pas croire que le récit est contemplatif et qu’il ne s’y passe rien. L’action est bien distillée dans ce roman qui va de dérives totalitaires en expérimentations scientifiques diverses jusqu’à la chute dont je ne me suis pas encore remise.

Le crépuscule de Briareus est un bon roman de science-fiction. Il est accessible à tous, même aux non-lecteurs du genre car il en évite les clichés et les archétypes. Ce roman m’a permis de découvrir la plume fluide, sensible et discrètement ironique de Richard Cowper que je ne connaissais pas.

Le premier titre des éditions Argyll

Argyll est une toute jeune maison d’édition rennaise fondée en 2020, en pleine crise sanitaire, par Simon Pinel, Xavier Dollo associés à Xavier Colette pour la partie graphique et Frédéric Hugot, spécialiste de la production de livres numériques.

La ligne éditoriale s’inscrit dans les littératures de l’imaginaire, fantasy, science-fiction, fantastique mais aussi dans les thriller et les essais concernant ces « mauvais genres ». Les livres seront édités en version papier et/ou en version numérique. Les éditeurs souhaitent mettre en valeur leurs autrices et auteurs, les rémunérer plus justement et intégrer l’édition dans une économie sociale et solidaire. J’ai même entendu évoqué le projet d’une librairie solidaire dans la belle ville de Rennes.

Le crépuscule de Briareus qui résonne de façon toute particulière avec l’actualité des années 2020 sera dans vos librairies à partir du 18 mars 2021.

Suivront ensuite Traqués de Christophe Nicolas et Comment écrire de la Science-Fiction par Lionel Davoust, que vous connaissez certainement pour son podcast Procrastination en collaboration avec Estelle Faye et Mélanie Fazi et le site Elbakin.

Argyll, c’est aussi un blog sur lequel vous découvrirez notamment un article sur Richard Cowper, auteur discret mais prolifique et aujourd’hui disparu de science-fiction britannique.

La prescription du Dr Fatale

Ca vous a plu et vous en voulez encore 🙂 ? Pour rester dans l’univers du Crépuscule de Briareus, je vous propose deux films et un roman:

  • Les fils de l’homme de Alfonso Cuaron sorti en 2006 et adapté du roman de P.D. James. Les deux œuvres mettent en scène une humanité stérile. Mais vous verrez que le traitement et l’atmosphère des deux récits est très différent.
  • Light of my life de avec Casey Affleck sorti en 2019. L’humanité a subi une terrible épidémie. Les victimes en ont été les femmes. Toutes éradiquées par la maladie ou presque. Dans ce monde post-apocalyptique où les hommes ne savent plus ce qu’aimer veut dire, un père tente de protéger sa fille, rare rescapée de la pandémie.
  • Et bien sur, le désormais classique La route de Cormack McCarthy publié en France en 2008 et lui aussi adapté pour le cinéma.

Je vous souhaite de bonnes lecture et que l’imagination soit avec vous!

5 commentaires

  1. Je viens de le terminer aussi ! C’était une bonne lecture également pour ma part, je suis d’accord avec tout ce que tu soulèves. C’est assez intéressant de voir dans ce récit que le « plus jamais ça » finalement… peut être facilement mis KO, même dans nos systèmes qu’on pense solides. C’est glaçant, je trouve, ce renversement de situation si rapide.
    Et j’ai trouvé ce roman très réaliste, car comme tu le démontres, point d’hystérie ni de catastrophisme ici. C’est fluide, et je trouve que pour l’époque, ce roman dénotait complètement dans le style et l’angle d’attaque.
    En revanche, j’avoue que j’ai fini par m’ennuyer ferme au dernier tiers, et ne pas avoir absolument tout compris concernant le « voyage » et les liens entre les Zêtas. La partie en huis-clos dans la ferme d’Elizabeth m’a laissée de côté.

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