Malgré tout

de Jordi LAFEBRE

Passez l’amour au rembobinage

Bonjour cher lecteur, explorateur d’imaginaire.

L’article du jour concerne une bande dessinée parue en septembre 2020 aux éditions Dargaud. Ce bel album de 152 pages, scénarisé et illustré par Jordi Lafebre m’avait tapé dans l’œil pendant une visite en librairie. Il m’a ensuite été offert et je l’ai dégusté aujourd’hui. Cette lecture m’a procurée une belle et grande émotion, je la partage avec vous pour que vous puissiez découvrir ce bel ouvrage.

Le quatrième de couv’

« Maintenant, que je t’ai retrouvé, j’aimerais tellement te réserver une petite place dans ma vie. Une place remplie de mouettes avec vue sur la mer. »

Cette jolie citation en forme de note d’intention figure sur le quatrième de couverture de l’album. Voici le résumé de l’éditeur.

C’est l’histoire d’un amour à rebours. Une passion platonique mais éternelle entre deux êtres. D’un côté, il y a Ana. Sexagénaire charismatique, ancienne maire tout juste retraitée, mariée et maman. Une battante au grand coeur qui impose le respect. De l’autre, il y a Zeno. Célibataire endurci, libraire proche de la retraite et doctorant en physique qui aura mis quarante ans pour terminer sa thèse. Un esprit libre et voyageur, aussi séduisant que mystérieux.

Au fil des années, ils ont tissé ensemble un amour impossible et intarissable. Tout en égrainant les excuses qui ont empêché qu’elle ne prenne forme, on remonte le temps de cette romance et de ses méandres… jusqu’à sa source. »

L’auscultation

Malgré tout est une bande dessinée découpée en vingt chapitres. Elle commence par un échange de regards éblouies sous la pluie.

Zéno a les cheveux gris, une barbe et une moustache, les yeux bleus. Il s’abrite sous un parapluie.

Ana a les cheveux gris, des boucles d’oreilles rouges, les yeux noirs. Elle s’abrite sous un parapluie.

C’est un commencement qui est aussi une fin et le début d’une nouvelle histoire. On comprend rapidement que ces deux là se connaissent depuis longtemps. Qu’ils s’aiment et qu’ils se cherchent depuis longtemps.

Et l’auteur rembobine leur histoire. Ana, mariée à Guiseppe, mère de Claudia, grand-mère, Maire sortante de cette petite ville qu’elle s’est acharnée à entretenir et embellir, annonce au détour d’une scène savoureuse, sa relation à sa fille. Ana est une femme ancrée dans le sol, solide, stable et déterminée.

Zéno, libraire, mais aussi doctorant en physique, auteur d’une thèse qu’il aura mis 40 ans à écrire apparait comme un homme libre, sans attache, épris de voyages, de liberté et peut être d’une petite difficulté à s’engager.

Les chapitres rembobinent leur histoire amoureuse, remontant le temps, l’attachement profond et sincère que les deux personnages ont l’un pour l’autre. On les voit rajeunir petit à petit. On voit Ana s’engager pour sa ville, à travers ce projet de pont qui traverse tout le récit. On voit Zéno papillonner de femme en femme mais toujours revenir à Ana, par échanges de lettres, de coups de fils et de brèves rencontres.

De chapitres en chapitres, on comprend qu’ils ont un fonctionnement différent. Ana, tenace, engagée dans la vie de sa ville, Zeno, bourlingueur, sans attache, mystérieux et séduisant, à qui nulle de résiste. Ils sont comme la Terre et la Lune. Chacun exerçant son attraction sur l’autre mais toujours séparés.

Et à la source, il y a un échange de regards éblouis, qui est une fin mais aussi un début.

Mon avis en quelques lignes

J’ai adoré cette bande dessinée. J’ai aimé les personnages, je me suis attaché à eux et un peu identifiée aussi. J’ai aimé le dessin doux de Jordi Lafebre. J’ai aimé voir les personnages rajeunir. J’ai aimé voir ce rebours, cette remontée vers les origines de cette relation platonique puissante qui relie les deux personnages. J’ai aimé voir ce pont construit, puis en chantier, puis à l’état de plan, puis de projet. J’ai aimé les personnages secondaires qui accompagnent les deux protagonistes. J’ai aimé la façon dont des chapitres parfois éloignés s’éclairent les unes les autres.

Vous l’aurez donc compris, j’ai eu un gros coup de coeur pour cette BD. Le chapitrage à rebours ne m’a pas paru être une astuce, mais éclaire parfaitement les liens entre les personnages, leur donne une épaisseur et une proximité impressionnante. Comme si on regardait des album photos familiaux du plus récent au plus ancien.

Une très belle réussite, un récit intelligent, émouvant. Un beau moment d’humanité et de lecture.

Je vous propose également d’écouter la chronique Bulle de BD de Laetitia Gayet sur France inter. Chaque semaine, elle chronique une ou plusieurs BD. Voici comment elle parle divinement de Malgré tout:

BD – Poétique « Malgré tout » de Jordi Lafebre (franceinter.fr)

Et évidemment, un petit extrait sur le site des éditions Dargaud: Lire en ligne Malgré tout (dargaud.com)

La prescription du Dr Fatale

J’aurai aimé vous proposer d’autres récits composés comme celui-ci, à rebours. Il ne m’est rien venu en tête. Je vous propose donc de continuer à explorer la bibliographie de Jordi Lafebre.

  • Les beaux étés: série de six volumes (à l’heure actuelle) en collaboration avec le scénariste Zidrou et publié chez Dargaud
  • Lydie: deux albums parus chez Dargaud et avec Zidrou au scénario
  • La mondaine: en deux tome, toujours chez Dargaud et toujours en collaboration avec l’inévitable Zidrou

J’ai donc découvert cet auteur de BD avec Malgré tout et il est certain que je vais aller voir ses trois œuvres précédentes. Et vous?

Si vous souhaitez visiter le site internet de Jordi Lafebre, c’est par ici et son compte instagram c’est par .

Je vous souhaite de bonnes lectures et que l’imagination soit toujours avec vous!

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