Masse critique: et Dune!

C’était ma première participation à l’opération Masse critique du site Babelio et pour une première, j’ai été gâtée. J’avais choisi plusieurs livres, de tailles, de formats et d’ambitions bien différents. Et j’ai été tirée au sort pour Le cycle de Dune – Tome 1, de Franck Herbert publié par Robert Laffont.

Sur le moment, j’en ai été ravie. Il était sur ma liste de lecture de longue date et l’arrivée du film de Denis Villeneuve créait en moi une nouvelle envie de lecture de cette œuvre.

Puis j’ai paniqué. 617 pages ! A lire en moins d’un mois ! Rédiger une chronique? Mais il y en a déjà 201 à ce jour sur le site de Babelio et déjà 10034 lecteurs sur le même site. Et ce n’est que la face visible de l’iceberg puisque Dune est réputée pour être l’œuvre de science-fiction la plus vendue dans le monde.

Bref, j’ai reçu le livre dans ma boite aux lettres, j’ai pris le magnifique objet et mon courage à deux mains et j’ai lu en moins d’un mois le premier volume du cycle de Dune de Franck Herbert.

Le 4ème de couv’

« Il n’y a pas, dans tout l’Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. »

Pour cette édition du cinquantenaire, le quatrième de couverture est minimaliste et préserve le mystère. Développons davantage.

L’histoire démarre quand la planète Arrakis (Dune) est offerte au Duc Atréides dont le fils, Paul Atréides, âgé de 15 ans fait preuve d’une maturité impressionnante aidé en cela par l’éducation Bene Geserit fournie par sa mère et d’un don de prescience. Il serait peut-être un être légendaire, le fameux Kwisatz Haderach. Les Atréides succèdent sur Dune à leurs pires ennemis, les Harkonnen. Et c’est loin d’être un cadeau. C’est une planète sableuse, aride, aux tempêtes et aux vents violents, où l’eau est rare, les hommes coriaces et la faune hostile à l’instar des vers qui sillonnent le désert et peuvent engloutir une usine en une seule bouchée.

Les Harkonnen ont pressurisé la planète. Une planète désertique riche d’une seule richesse : l’épice de longue vie. Et ils n’entendent pas renoncer à cette richesse ni à l’occasion de se débarrasser de la Grande Maison ennemie Atréides.

Mais ce que les Harkonnen ne savent pas, c’est que la population guerrière locale, les Fremen, attendent un messie, un homme providentiel. Et cet homme pourrait bien être le jeune Paul Atréides.

L’auscultation

A fond la forme

Le cycle de Dune tome 1 est publié par les éditions Robert Laffont dans la collection Ailleurs et Demain. Je les remercie pour cette participation à masse critique mais aussi pour la qualité du travail éditorial.

L’objet est magnifique et en impose avec cette belle couverture cartonnée brune et les quatre lettres du titre gauffrée en orange doré. La traduction originale de Michel Demuth a été revue et corrigée par Glenn Tavennec et Renaud Guillemin. Le point pop a consacré un article à ce processus de « dépoussiérage » du texte. L’ouvrage est préfacé par Denis Villeneuve, réalisateur de l’adaptation pour le cinéma de l’œuvre de Franck Herbert (succédant en cela à David Lynch), et par Pierre Bordage, immense auteur de Science fiction.

Enfin, plusieurs annexes et une postface de Gérard Klein, le directeur de la collection, clôturent ce très bel objet littéraire.

Entre thriller politique, fable écologique et mysticisme, une œuvre protéiforme

Ce qui m’a impressionné de prime abord, c’est la maitrise de l’écriture de Franck Herbert. Le gars sait faire. Le style est précis, les personnages, les lieux, tout est parfaitement caractérisé. Le récit est rythmé, les rebondissements ne sont jamais gratuits, toujours bien amenés et succèdent à des parties plus explicatives et descriptives jamais ennuyeuses. Et il faut cette maitrise pour créer un univers et y emmener son lecteur.

Cette perfection de l’écriture est mise au service d’une œuvre qui répond de façon un peu étrange à notre actualité et à notre univers contemporain. Un des thèmes abordé est évidemment l’écologie. Ici la problématique est poussée à l’extrême. Il n’y est pas question de recyclage des déchets ou de radioactivité. Non, ce qui manque ici, ce qui fait l’enjeu et ce qui amène à réfléchir les lecteurs que nous sommes c’est que la ressource qui manque, c’est la plus précieuse. C’est l’eau.

C’est là un des fils tirés par l’auteur. Abandonné par la suite ou mis en second plan, j’espère qu’il sera à nouveau abordé par la suite. Car Dune a pour projet d’être terra formée et j’aimerai voir comment Franck Herbert a creusé cette piste.

Comme Game of Throne en fantasy, Dune met en scène une vendatta politique, des complots, des manigances entre les Grandes Maisons dirigeantes, ces despotes plus ou moins éclairés, placé sous la coupe de l’Empereur mais aussi d’une Guilde commerçante. Les luttes de pouvoirs font rage et à l’instar d’un G.R.R Martin, l’auteur n’hésite pas à sacrifier des personnages. Ainsi, ne vous attachez pas trop.

L’autre thème prépondérant, c’est celui de la religion. Herbert crée un personnage de messie. Un homme providentiel pour les Fremen. Nous assistons à la naissance d’un chef de guerre religieux et à la fanatisation d’un peuple. Par son talent de prescience, Paul  Atréides sait quelle est la voie tracée. L’ensemble des décisions prises jusqu’ici amène à la guerre religieuse, au Jihad. Luttera-t-il contre cette fatalité ? Pourra-t-il résister à la force du destin ?

Mon avis en quelques lignes

Frank Herbert livre ici une œuvre ambitieuse. L’univers créé est riche et bien construit. L’expérience est immersive, on y croit totalement. Le style est au service de cet univers : caractérisation parfaite, vraisemblance dans les détails, inventivité des technologies et des éléments de langage. L’histoire est forte et les enjeux importants. Mais si l’univers et les thèmes abordés amènent à la réflexion, j’ai un problème avec les personnages. Ils sont crédibles mais terriblement froids. Dune n’est pas un livre d’émotion. Les évènements sont parfaitement amenés mais les affects des personnages m’ont parus pauvres. Et bien que la planète soit chaude, ils m’ont parus parfaitement froids. Mais faut-il en attendre plus de la part de personnages manipulateurs, vengeurs, vivants dans un univers extrêmement dangereux fait de poisons et de trahisons?

Point fort en revanche : l’auteur ne nous perd jamais dans des considérations technologiques. Ce n’est pas important ici. Ici ce sont les humains qui font l’intrigue avec des enjeux vieux comme la création des histoires : la réalisation de soi, la vengeance, la quête du pouvoir.

Autre point fort: la modernité du récit et du style. A aucun moment je n’ai eu l’impression de lire de la SF des années 60. L’œuvre reste résolument moderne et contemporaine.

Le cycle de Dune compte six tomes rédigés par Frank Herbert puis son fils et Kevin J. Anderson ont poursuivi l’œuvre. Que cela ne vous effraie pas ni ne vous empêche de vous lancer dans la lecture du premier volume du cycle de Dune. Il offre une fin complète tout à fait satisfaisante et peut se lire comme un volume unique.

La prescription du Docteur Fatale

Encore merci à Babelio et aux éditions Robert Laffont pour cette lecture enrichissante de ce classique intemporel de la SF.

Bonnes lectures et que l’imagination soit avec vous!

Le cycle de Dune, tome 1 : Dune par Frank Herbert

Le cycle de Dune, tome 1 : Dune

Le cycle de Dune, tome 1 : Dune

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4 commentaires

  1. Merci Dr Fatale pour cette critique. Je ne connaissais ce roman pourtant déjà ancien que de nom. Le riche univers de cette planète ainsi que l’intrigue donnent envie de lire le roman mais il faut oser se lancer dans cette lecture qui paraît déroutante;
    Prescription toujours bien documentée et intéressante.

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